Les études et statistiques disponibles sont pourtant unanimes. Le contrôle technique obligatoire pour les voitures – toujours plus drastique et onéreux - n’améliore aucunement les performances de la sécurité routière, il n'est utile qu'aux professionnels de l’automobile, et accessoirement aux policiers (soumis à des quotas de PV). Même l’effroyable Docteur Got – d’ordinaire partisan de thèses 100% répressives - est d’accord là-dessus, c’est dire. En clair : contrôle technique rime avec pompe à fric. Et le parc automobile étant désormais ferré, nos dirigeants étendent le juteux CT à celui des deux-roues.
Celui-ci a déjà une histoire. Proposé début 2008 par le député UMP Thierry Mariani sous prétexte d’accidentologie, le contrôle technique « spécial motos » se heurta à la fronde des « Motards en colère » (la FFMC) et fut reportée. D’autant plus facilement que les centres n’étaient pas équipés pour le deux-roues, les contrôleurs non formés. C’était le prototype de la nouvelle contrainte ambiguë et bâclée décidée par des technocrates aux abois, puis remballée piteusement aussitôt sortie. Mais en politique, le sentiment de passer pour un con semble faire partie d’une époque révolue ; nos hauts fonctionnaires et leurs divers complices (dont la FFVE) s’entêtent à présenter le contrôle technique deux-roues comme « inéluctable ». Celui-ci est obligatoire dans plusieurs pays d’Europe martèlent-ils. Mais est-ce parce qu’une obligation imbécile sévit ailleurs que nous devons l’adopter ?
La société du contrôle, selon Sarkozy
Ce cérémonial déresponsabilisant n’est qu’une contrainte fiscale et policière de plus pour des cyclomotoristes, et bientôt pour les motards et scootards dont l’immense majorité roule sur des machines entretenues, leur santé étant intimement liée à l’état de leur monture. D’après le rapport MAIDS publié en 2004 par l’ACEM (l’Association européenne des constructeurs de motos) seulement 0,7% des accidents de deux-roues motorisés seraient imputables à une défaillance mécanique. Et parmi ces « défaillances mécaniques » combien auraient été détectées par un "contrôleur" ? Ces nano-chiffres disqualifient cette nouvelle tentative de notre société du contrôle. Et pourtant la mesure nous est imposée ! D’abord via les cyclos.
Le but de l’opération serait - officiellement - d’éradiquer le « débridage » des 49,9cc lequel serait facteur d’accidents selon les « experts » du gouvernement. Mais certains ados auront toujours des comportements transgressifs, tandis que cyclos et petits scooters sont sur la route tout en bas de l’échelle des espèces. Est-ce bien raisonnable de les obliger à se traîner à 45 à l’heure, coincés dans le caniveau, frôlés par les camions ? Même les voiturettes sans permis vont plus vite ! Ce qui est débridé n’est-ce pas plutôt la connerie de nos « experts » ?
Dans notre actuelle dictature administrative, circuler en Vélosolex, en petit Vespa ou en mobylette, nécessite déjà de faire immatriculer sa vieille pétoire, d’y apposer une plaque, et de passer un permis de conduire via une formation de cinq heures dans une auto-école (ASR/BSR) ! Aujourd’hui, nouvelle contrainte : le contrôle technique périodique. Et demain ? Le port obligatoire des casque intégral et gilet jaune fluo ? Le pot catalytique sur les Bleues ? Les clignotants et l'ABS sur les Solex ? Et pourquoi pas un permis vélo tant qu'on y est ?
Ras le bol de cet interventionnisme rapace ! Ces têtes de cire qui empilent les contraintes et mesures coercitives, bafouant au passage le principe de la non-rétroactivité des lois, doivent comprendre qu’il y a un seuil d’acceptabilité sociale à ne pas dépasser. Que plus on génère de la frustration, plus on incite à la transgression...
Faisons comme pour la vignette moto en son temps : refusons cet énième macaron.